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Stalagmite GLD-stm2 – Grotte de Gueldaman, Algérie (h =  35 cm)

          La vaste salle souterraine qui constitue la grotte de Gueldaman a abrité des groupes humains durant des millénaires. Alors que les hommes et les femmes étaient affairés à faire du feu, à découper et cuire le gibier et les moutons et chèvres élevés par leurs soins, à fabriquer des outils, des armes, des vêtements etc., il y avait, au fond de la grotte et à proximité de la zone occupée, des infiltrations d’eau qui alimentaient des massifs stalagmitiques et des stalagmites. Les cendres, les suies, les poussières produites par cette activité se sont retrouvées piégées dans ces spéléothèmes laissant des couches noires et brunes qui contrastent avec la blancheur des couches de calcite immaculée. Les trous visibles à quelques millimètres de la base de la stalagmite et ceux proches du sommet sont la trace des échantillons de calcite prélevés pour réaliser les premières datations par la méthode uranium-thorium.  Cette stalagmite a donc poussé entre 6200 ans et 4000 ans BP.  On peut constater que, selon la période, il y a plus ou moins de couches noires, et donc plus ou moins d’activité humaine dans la grotte. Ainsi, la partie centrale est particulièrement sombre et on y observe de nombreuses particules charbonneuses ; cette période d’activité intense a pu être datée entre 5000 ans et 4500 ans BP. Le sommet garde également la trace d’aménagements semblables à ceux observés sur la stalagmite voisine GLD-stm1 : on y observe des cassures qui ont modifiées la forme de la stalagmite, comme en haut à gauche de l’image. 

           Mais la stalagmite GLD-stm2, outre les informations qu’elle apporte sur l’activité humaine dans la grotte, nous révèle l’évolution du climat par l’analyse des isotopes stables de la calcite [Fig. 1]. Les multiples datations montrent que les vitesses de croissance ont varié au cours du temps, avec notamment un ralentissement vers 5000 ans BP, période où l’on observe justement un grand nombre de couches noires liées à l’activité humaine. On remarque également un ralentissement dans la croissance à partir de 4500 ans BP ainsi qu’un épisode abrupt vers 4250 ans BP caractérisé par des couches brunes et noires plus nombreuses, et par un signal isotopique reflétant un climat plus froid et plus sec (Ruan et al, 2016).

Figure 1 – Enregistrement paléoclimatique de la stalagmite GLD-tm2.

          La courbe en bleu indique le signal climatique - isotopes de l’oxygène (axe vertical de gauche) – : chaud et humide vers le haut, froid et sec vers le bas. La courbe grise reflète le niveau de gris de la stalagmite, ici c’est une indication de la densité des couches charbonneuses. La courbe noire représente la courbe de croissance. Les points avec les barres sont les points datés par la méthode uranium-thorium (l’axe vertical de droite indique la hauteur du point daté par rapport à la base de l’échantillon, en centimètres ; d’après Ruan et al, 2016).

 

Références bibliographiques :

 

Genty D., 2022, « SPELEOTHEMES archives du climat », éditions Hartpon, Paris, 202 p.

Ruan J., Kerbouche F., Genty D., Blamart D., Cheng H., Dewilde F., Hachi S., Edwards L., Regnier E., Michelot J.L., 2015, Evidence of a prolonged drought ca. 4200 yr BP correlated with prehistoric settlement abandonment from the Gueldaman GLD1 Cave, N-Algeria, Climate of the Past , 12, 1-14.

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